Premiers pas au Nepal
Quitter l’Inde pour la prochaine étape : un train de nuit, un bus local jusqu’à la frontière, puis un bus touristique jusqu’à Katmandou, et à moi le Népal dès le lendemain soir! Ca, c’était la version simplifiée et idéalisée que j’en avais… Première déviation du programme : le train prévu à 12H30 à Varanasi n’arrivera qu’à 3H30, nous laissant, les autres touristes voguant vers le Népal et moi, profiter du spectacle d’une gare indienne la nuit, avec son lot de misère humaine et de crasse omniprésente. Juste à côté de nous, un petit garçon armé d’un bout de tuyau en métal y fourre tout ce qu’il peut trouver sur le sol pour le fumer. De l’autre côté, on voit débarquer des trains en provenance de tout le pays des personnes mourantes portées par leur famille qui passeront la nuit sur le sol de la gare avant de rejoindre un des hospices de la ville. Et tout ça au milieu d’une foule compacte, dormant, téléphonant, mangeant, hurlant, écoutant de la musique, crachant, bref, une vraie tranche de vie indienne…
A la descente du train, notre idée est de sauter dans le prochain bus pour la frontière, mais là encore, pas si simple, le soleil est déjà haut, et nous devrons patienter encore une heure avant de pouvoir décoller pour Sonauli, point d’entrée au Népal. Nous atteindrons notre objectif vers midi, repousserons les rickshaws qui veulent nous délester d’une somme ridicule pour nous emmener au poste de frontière situé 200 mètres plus loin, mangeons quelques samossas et passons enfin au Népal, semant 40 dollars chacun pour le visa. Il fait maintenant plus de 48°C, et nous sommes dans un état quasi-liquide. Et là, pas de bol : on apprend que le dernier bus touristique est parti, et que pour rejoindre Katmandou ou Pokhara, il faut prendre un bus de nuit local, soit plus d’une douzaine d’heures à bord des pires véhicules jamais expérimentés pour un tel trajet, sans changement de chauffeur, sur une route plutôt dangereuse. Ou alors dormir sur place, dans cette ville frontière où on peut faire fondre une bouteille de bière en la laissant en soleil, et qui malgré la gentillesse de ces habitants (comme ils le disent eux même, « We’re no longer in India, cool, cool ! ») n’attirera aucun d’entre nous. Je suis la seule à filer vers Katmandou, je quitte donc les autres, et après deux heures au frais dans une agence de voyage, j’embarque pour la capitale. Le bus tient ses promesses, pas de place pour les jambes, et je ne suis pas grande, des sièges qui se soulèvent à chaque nid de poule, des voisins renvoyant des relents d’alcool parce qu’ils ont pris de l’avance pour le Nouvel An népalais prévu le lendemain, mais finalement, j’arrive à Katmandou entière, crevée, suante, après presque trente heures de trajet.
Je retrouve Valérie qui est déjà là depuis quelques temps, et on va consacrer les trois prochains jours à glander dans le quartier touristique de Thamel, à mettre à jour nos blogs, et surtout à acheter du matériel pour notre prochaine grosse étape. Trois jours donc entre restaurants, boutiques de fringues de montagne et cybercafés, tentant de faire abstraction du bruit du quartier particulièrement omniprésent en cette période de Nouvel-An, à se faire exploser le ventre dans les restaurants de Thamel (enfin, quand le mien est en état, je ne suis toujours pas complètement immunisée contre tout ce que j’ai ingurgité sans le savoir en Inde), parce qu’on sait que bientôt, on n’aura plus ce choix. Je mange même un steak, moi qui suis quasiment végétarienne depuis plus d’un mois, sans doute un des meilleurs qu’on m’ait jamais servi, et après six semaines en Argentine, ce n’est pas peu dire… On fait quand même un peu de tourisme et visitons Durbar Square, le quartier historique de Katmandou où se rassemblent l’Ancien Palais Royal, une multitude de temples, des touristes, et des prétendus guides difficiles à éviter. Nous y passerons une grosse demi-journée, évitant sans le vouloir les check point où nous aurions dû nous acquitter du droit d’entrée, admirant les édifices anciens, le marché aux antiquités et surtout les scènes de vie quotidienne dans les rues de Katmandou.
Puis nous prenons enfin le bus pour Pokhara, la prochaine étape avant la montagne, petite ville où on espère trouver un peu de fraîcheur. Pendant le trajet, nous rencontrons Gauthier et Matthieu, deux frères en vacances pour quinze jours, partant dès le lendemain pour un trek vers le sanctuaire des Annapurna. Le rendez-vous est pris pour le soir même : on dinera ensemble. A notre arrivée à Pokhara, mauvaise surprise : oui, il y a des montagnes, mais non, il ne fait pas frais, l’air est encore plus lourd qu’à Katmandou, et le climat de pré-mousson amène une pluie diluvienne tous les après-midi, qui dure parfois jusque dans la soirée. Et au moment où nous sommes censées retrouver les deux frères, il pleut, et pas qu’un peu. Ajouté à ça le fait qu’on ne s’est pas compris sur le lieu de rencontre, on passe à deux doigts de ne plus les revoir. Mais grâce à la persévérance de Gauthier, on finit par se le faire, ce petit repas dans une gargote locale. Et comme je sais que vous êtes déjà venus faire un tour par ici, et bien, ça a été un plaisir, et j’espère que vous avez profité de votre trek autant que nous, les deux brothers !
Le lendemain, on finit d’organiser la suite : derniers achats de matériel, obtention des permis, location de duvets, arrangements pour le porteur, et on est paré pour une des grosses destinations de ce voyage, un beau petit défi pour moi, quasiment deux semaines de marche sur le circuit mythique des Annapurna…
Peu de photos dans cet article, une petite semaine entre transport et logistique, mais j’ai quand même fait un album Katmandou. Et pour ceux qui aiment les images, pas de souci, le prochain article arrive bientôt, et celui-là, des photos, il en aura !!!!