Burmese Days
Il y a des pays dont on rêve sans en avoir jamais vu aucune image. Mon rêve à moi est né lorsque j’ai lu Birmane, et ses descriptions de l’incroyable beauté des paysages du Myanmar. Si ce roman n’a certainement pas la qualité de celui auquel j’ai emprunté le titre de cet article, il a au moins eu le mérite de me donner envie de confronter ce qu’il m’avait laissé imaginer à la réalité de ce pays.
L’arrivée à Yangon nous met tout de suite dans le bain : un aéroport aux murs nus, un personnel réduit au strict minimum, un taxi qui nous emmène vers le centre à la limite de se désintégrer en roulant… Nous nous faisons déposer au cœur de la ville et partons à la recherche d’une guest-house, sans trop savoir à quoi s’attendre. Pas de souci, on trouve rapidement une chambre correcte au troisième étage d’un immeuble un peu sordide, abritant au deuxième un hôtel de passe, parait-il… Nous posons nos affaires et partons tout de suite nous imprégner de la ville. Direction le marché principal pour changer nos dollars au black market, seul moyen d’obtenir un taux correct dans le pays. L’avantage de partir sans avoir lu un guide, c’est qu’on ne sait pas du tout à quoi s’attendre. Première surprise : pas de billet d’une valeur supérieure à 1000 kyatts, l’équivalent d’un dollar. Nous changeons 150 dollars chacune, et nous retrouvons donc avec une liasse de billets plus qu’impressionnante. Premier aperçu de la gentillesse du peuple birman : entrées pour acheter une bouteille d’eau, nous changeons notre argent, et repartons avec la bouteille offerte. Direction ensuite les stands du marché pour acheter de nouveaux portefeuilles adaptés aux liasses de billets que nous avons maintenant en poche… Puis nous repartons vers notre quartier, bien populaire, en partageant nos impressions. Marion et moi sommes d’accord : trottoirs défoncés, immeubles délabrés, longis et sarongs chamarrés, stands de nourriture qui fument, sourires éclatants : ça ressemble à l’Inde, mais en bien plus calme. La journée passe vite, entre sieste, réservation des billets de bus pour le lendemain, petit passage par internet ou encore dégustation de soupe, yaourts, ou excellent poulet aux noix de Cajou. Le lendemain, nous arpentons le sud de la ville, à travers les quartiers chinois et indiens, et terminons par la Sule Pagoda, deuxième plus importante de la ville. Là encore, tout au long de la journée, c’est sourires, saluts en anglais ou en birmans, nous sommes impressionnées par l’accueil et la gentillesse de la population. On m’avait prévenue, mais quand même, ça reste une belle surprise. Après une journée à déambuler, nous partons pour la gare routière afin de prendre le bus pour Mandalay, l’ancienne capitale du pays. On avait au départ écarté cette ville de notre programme, mais lorsque nous avons voulu réserver le bus pour la destination prévue, il n’y avait plus que les places du fond. Et vingt heures de trajet sur les amortisseurs, sans pouvoir incliner son siège, ça ne nous tentait pas trop. Changement de programme donc, et nous arrivons à temps pour le bus malgré une crevaison du taxi qui nous oblige à terminer à pied.
Encore une fois, comme partout en Asie, lorsqu’on annonce l’air conditionné dans le bus, et bien, on a l’air conditionné. On arrive donc à Mandalay frigorifiées malgré les épaisseurs de vêtements et les chaussettes prévues pour l’occasion. En compagnie de Yannick et Clémence rencontrés dans le bus, nous partons à la recherche d’une guest house sympa, et après un petit tour dans la ville en pick-up, on trouve enfin un endroit qui nous convient. Après un énorme petit-déjeuner, on part directement à la découverte de la ville. Nous voulons réserver le bateau qui nous emmènera vers Bagan deux jours plus tard, et nous dirigeons donc vers les berges du fleuve principal du Myanmar, l’Irrawady. Premier choc : la beauté des rives du fleuve. Sur notre berge, la vie suit son cours : les hommes chargent et déchargent les bateaux, les femmes lavent le linge ou transportent les marchandises dans d’immenses paniers qu’elles portent sur leur tête, les enfants courent et jouent, sourires éclatants aux lèvres. Et en arrière-plan, l’autre berge de l’Irrawady, bande de terre poussiéreuse sur laquelle se détachent les toits des pagodes, nimbée d’une lumière qui lui donne un éclat vraiment particulier. On est tous les quatre bouche bée, et l’heure qu’on passera à marcher sur les bords du fleuve, à échanger des sourires et des Mingalaba ! , le salut local, nous donne un premier aperçu de la magie du pays. Nous n’avons finalement pas pu acheter nos billets de bateau, mais pas de regrets… Pour regagner le centre, nous prenons ensuite le moyen de transport local, le trishaw, sorte de bicyclette à laquelle est attaché un siège sur lequel deux personnes s’assoient dos à dos. Après un repas de samossas et de beignets à la coco, nous repartons arpenter les rues de Mandalay, entre tanneurs de peaux de serpents, fabricants d’ombrelles, ou encore de feuilles d’or, puis visitons la pagode principale de la ville, avant de nous attaquer aux 1300 marches qui nous amènent au sommet de la colline de Mandalay afin d’admirer le coucher du soleil. Après une bonne douche et un repas birman, nous allons nous coucher un peu morts, n’ayant que bien peu dormi dans le bus la nuit précédente.
Le lendemain matin, dès le petit-déjeuner avalé, c’est parti pour les négociations : nous voulons louer un taxi à la journée pour visiter les anciennes cités autour de Mandalay. C’est vite réglé, les Birmans étant bien plus honnêtes que certains de leurs confrères asiatiques, et nous sautons dans notre mini-van bleu avec la promesse de ne pas faire d’arrêts dans les boutiques de souvenirs pour touristes. Première destination : Sagaing, ancienne cité royale, et sa pagode, située en haut de la colline. Après une ascension un peu plus courte que celle de la veille, nous arrivons au sommet d’où la vue est juste impressionnante. Nous passons tout un moment à arpenter les lieux, à prendre en photos les moines novices, ou encore à profiter de la vue. Nous partons ensuite pour Inwa, une île artificielle sur l’Irrawady, qui fut elle aussi une des nombreuses capitales du royaume birman. Notre taxi bleu nous dépose à l’embarcadère, et là, nous sommes assaillis par une horde d’enfants qui vendent des bijoux en jade. C’est notre première découverte de la rengaine que les gosses connaissent dans un nombre incroyable de
langues, rengaine qu’on entendra un grand nombre de fois entre Mandalay et Bagan : « C’est joli, c’est pas cher, c’est local, c’est moi qui l’ai fait ! ». Nous tentons tant bien que mal de repousser leurs assauts insistants, et prenons le bateau qui nous emmène jusqu’à l’île. Pour la visiter, le seul moyen de locomotion pour les touristes, c’est la carriole à cheval, et la ballade à travers la campagne, entre temples, pagodes et monastères, est vraiment superbe. Après une pause rapide pour avaler quelques spécialités (nems et beignets à la banane, et oui, la nourriture birmane, c’est plutôt gras…), nous retraversons la branche du fleuve pour retrouver nos gamins aux bijoux, qui durant ces quelques heures n’ont pas oublié nos prénoms, et continuent à nous poursuivre jusqu’au taxi… Pour notre dernier stop, pas le choix, ça devait être Amarapura, afin de pouvoir admirer le pont d’U-Bein, celui de la couverture du Lonely Planet Myanmar, au coucher du soleil. Ce pont en tek de plus d’un kilomètre de long franchit le lac, et est le rendez-vous des touristes, aquarellistes, vendeurs de souvenirs en tous genres, mais aussi des locaux qui regagnent chaque soir leur village situé sur l’autre rive. Nous assistons à un coucher de soleil hallucinant. La lumière sur le lac est incroyable, on en prend plein les yeux, plein les objectifs, et l’image des barques de pêcheurs devant un soleil qui fond littéralement dans le lac restera pour moi une des plus belles de ce séjour.
Nous rentrons vers Mandalay les yeux pleins des images de la journée, et après un repas indien en compagnie d’un Américain rencontré en route, Marion et moi renonçons à accompagner Yannick et Clémence au spectacle de marionnettes pourtant réputé. Le jour suivant commencera tôt, nous devons être au bateau à cinq heures du matin, pour attaquer les quinze heures de descente vers Bagan.
On me réclame des photos, elles vont être nombreuses. Et oui, on voyage à deux, donc deux appareils, et Marion est à l'origine des magnifiques photos mélangées aux miennes, d'où le désordre dans les albums, parce que j'ai eu la flemme de les renommer une par une. Et, je dois être honnête, les articles arriveront au fur et à mesure, je n'ai pas tenu le rythme, et la qualité des connexions internet ne m'a pas aidée. Donc, la suite dans les prochains jours!!!